Georges DEXARCIS

 

matricule : 39640

né le 19/01/1924 à La Tronche

décédé en avril 1945 à Bergen-Belsen

source : Fondation pour la mémoire de la déportation


 

 

 

 


 

Georges DEXARCIS  a habitait  rue de la Biolle à Saint-Egrève  puis à Saint-Martin-le-Vinoux et Grenoble.

 Il  a été arrêté et déporté au camp de Belsen  suite à la manifestation du 11 novembre 1943. organisée par la direction départementale de la «France Combattante» (organisme d’union de toute la Résistance)

Il est mort  après la libération du camps.


 

 La direction départementale de la «France Combattante» (organisme d’union de toute la Résistance) réunis clandestinement, lance un appel pour l’organisation d’une grande manifestation le 11 novembre 1943 à GRENOBLE. .

 

Voici le témoignage de Doudou ( dans "Fend la Bise au coeur tendre" de Andrée Rolland Garcia :

 

"- Y’avait des barrages de partout, des gardes mobiles, des gendarmes. Je ne peux pas te dire combien on était, sûrement des milliers. Si tu avais vu tout ce monde ! Comme on ne pouvait pas approcher du Monument aux Morts, quelqu’un a dit : Tous au monument des Diables bleus. Un manifestant est monté sur le monument et a planté le drapeau français. Nous avons chanté « La Marseillaise ». ...Des camions de policiers sont arrivés. On croyait qu’ils défilaient avec nous, alors on a applaudi. Puis un coup de feu a claqué. Si tu avais vu la course dans tous les sens ! Les Allemands nous encerclaient. ... Alors nous sommes rentrés dans le couloir d’une maison. .... Des gens ouvraient leur porte et faisaient entrer quelques manifestants, d’autres au contraire s’enfermaient à double tour. Du palier, une fenêtre donnait sur la rue. J’ai vu ceux qui, ont été arrêtés. J’ai reconnu René, Georges Dexarcis et notre cousin Bernard Gauthier. ...... Les manifestants arrêtés ont été parqués dans un terrain vague entouré de barbelés avec des fusils-mitrailleurs braqués sur eux. "

 

368 manifestants seront déportés. 7 sur 10 ne reviendront pas.

 


 

En 1945, les rescapés de la déportation sont rapatriés. Leurs familles, leurs amis se rendent à la gare dans l'espoir de les retrouver. La mère de Georges Dexarcis est aussi parmi ces gens avec le fol espoir de retrouver son fils.

 

Voici le témoignage de Doudou ( dans "Fend la Bise au cœur tendre" de Andrée Rolland Garcia ) :

 

 "Marcelle et Doudou rendaient souvent visite à une amie, Madame Dexarcis. Son fils, Georges, arrêté lors de la manifestation du 11 novembre 1943 avait été déporté. Ce jour-là, elles partirent avec elle à la gare de Grenoble, un train ramenant des Déportés étant annoncé. De nombreuses familles attendaient et espéraient. Des squelettes en tenue rayée, robe pour les femmes, pantalon et veste pour les hommes, passèrent la porte, beaucoup soutenus ou portés par des membres de la Croix-Rouge. Madame Dexarcis se précipita vers eux : Connaissez-vous Georges Dexarcis, mon fils ? leur demandait-elle. Georges Dexarcis, 20 ans, Georges Dexarcis, 20 ans, criait-elle pour que tous puissent l’entendre. Aucun ne lui répondit. Marcelle et Doudou la raccompagnèrent chez elle. Elle venait d’obtenir sa ration de beurre. Elle avait mis la plaquette dans une cuvette sur l’évier et laissait couler dessus un mince filet d’eau.  Je veux qu’il reste frais pour lui,  expliqua-t-elle.

 

Le dimanche suivant, Doudou alla aux nouvelles. La plaquette de beurre était toujours intacte dans la cuvette. Marcelle y alla à son tour. Madame Dexarcis était rayonnante : J’ai eu de ses nouvelles. Il est vivant ! Un déporté l’a vu après la libération du camp. Il est vivant ! Il est vivant ! L’eau clapotait joyeusement sur la plaquette de beurre.

 

            Madame Dexarcis passait ses journées et une partie de ses nuits à la gare. Les trains se succédaient mais à chaque fois, le nombre de rescapés diminuait. Marcelle revint aux nouvelles. Une autre plaquette de beurre attendait. Le lendemain, Marcelle et Doudou s’y rendirent ensemble. France, la fillette de Madame Dexarcis était seule. En entrant dans la cuisine, elles firent la même constatation : la plaquette de beurre n’était plus dans la cuvette.

 

- Quoi de neuf ? demanda Marcelle

 

- Mon frère est mort. Il a trop mangé de conserves américaines ! répondit la petite.

 

- Qu’est-ce qu’elle raconte, cette gosse ! se demanda Doudou

 

Marcelle, le cœur serré, n’avait plus envie de parler. Madame Dexarcis arriva et s’effondra en larmes en les voyant. Dans ses sanglots, elle expliqua : France vous a dit ! Il est mort ! Il est mort ! Après la libération du camp…Le 26 mai… La guerre était finie…D’une indigestion… Il avait trop mangé de conserves américaines… Tu te rends compte, Marcelle ! Il est mort d’une indigestion… Il avait tellement faim, tellement faim … Son estomac n’a pas supporté et il était trop faible… trop faible … Tu as vu dans quel état ils reviennent ? Il en meurt tous les jours. C’était épouvantable dans ces camps, épouvantable ! Quand je leur pose des questions, ils ne me répondent pas. Je le sais par leurs familles. C’était épouvantable !"