Joseph ROLLAND

 

1904 -  1976

 

Lieutenant FTPF « DATIN »

Conseillé municipal à la Libération

 

Joseph ROLLAND,  était un militant optimiste et infatigable. Militant politique au PCF, syndicaliste à la CGT. Il participe aux activités de l’Association Nationale des Anciens Combattants de la Résistance, « ANACR », de l’Association Républicaine des Anciens Combattants, « ARAC », et au Mouvement de la Paix…son activité était débordante.

 

      Il participe en 1934 à la lutte contre la montée du fascisme en France. Le 10 juin 1934 à GRENOBLE, il est grièvement blessé au cours d’une manifestation contre le fasciste Philippe HENRIOT (qui s’illustra quelques années plus tard en faisant l’apologie de l’Allemagne nazie à la radio française de collaboration.)  

 

 En 1936, il mène une très grande activité pour la victoire du Front Populaire. Il participe au soutien de l’héroïque Espagne Républicaine, attaquée par les troupes rebelles du fasciste FRANCO qui est soutenu par HITLER et MUSSOLINI.

     

 Le 30 novembre 1938, il fait grève contre la remise en cause des acquits du Front Populaire et dénonce les accords de MUNICH signés le 30 septembre 1938 avec l’Allemagne qui livre la Tchécoslovaquie à HITLER.  Le lendemain il est licencié de son emploi de plombier à l’hôpital Psychiatrique de SAINT-EGREVE, il doit quitter dans les plus brefs délais son logement.

 

         « Marqué en rouge » il a beaucoup de difficultés pour trouver un logement et du travail. Il s’installe artisan plombier à SAINT-EGREVE.

         

En août 1939 il est arrêté et condamné à un mois de prison pour distribution de tracts et journaux communistes qui viennent d’être interdits.

 

Le 3 septembre 1939 la France et l’Angleterre déclarent la guerre à l’Allemagne. A sa sortie de prison il est envoyé sur le front, il participe à  de nombreux combats de DUNKERQUE aux Vosges.  Le 21 juin 1940 à SAINT-DIE, il est fait  prisonnier par les Allemands. Sa famille restera longtemps sans nouvelles. Fin août, une carte arrive enfin avec seulement quatre mots : « Bonne santé, mais prisonnier » Silence jusqu’au 21 octobre, la Croix Rouge faisant parvenir une carte informant la famille qu’il est prisonnier de guerre en Allemagne au (camp)  stalag XA. Il sera transféré au stalag XB à HAMBOURG. Le courrier est réglementé  et très limité.

 

Il fait partie d’un commando de prisonniers travaillant sur les chantiers du port de HAMBOURG. Son anti-nazisme va lui faire vivre des moments extraordinaires. En pleine Allemagne nazie, où la répression est implacable et très cruelle, il  entre en contact avec une organisation clandestine antinazie allemande.  Il participe aux sabotages, recueils de renseignements …Il a une double identité : son vrai nom et un nom de code, comme dans la Résistance en France. Lorsque son épouse reçoit une lettre le 16 avril 1943 d’un civil au nom inconnu, mais dont l’écriture est celle de son mari, elle comprend très vite qu’il a une «combine » pour envoyer des lettres supplémentaires à son courrier  de prisonnier de guerre. Les deux dernières lettres de prisonnier et de civil sont datées 19 juillet 1943, elles arrivent à SAINT-EGREVE un mois plus tard.

 

A nouveau plus de nouvelles, angoisse dans la famille,  car HAMBOURG est détruite par de violents bombardements de l’aviation anglo-américaine. A la mi-septembre une lettre arrive enfin, Joseph est vivant, il écrit qu’il a tout perdu, qu’il va bien et travaille comme manœuvre maçon à HAMBOURG et qu’il n’a plus de nouvelle de son beau-frère. Nouvelle «combine» car il n’a jamais eu de beau-frère. Il demande  de lui écrire à l’adresse de sa firme.

 

 Que c’est-il donc passé ? Il a fallu son retour pour le savoir.  

 

Profitant de la désorganisation provoquée par les bombardements, il s’est évadé. Avec l’aide de son organisation de Résistance allemande antinazie il a vécu clandestinement  cinq mois avant qu’elle lui procure un «vrai-faux » passeport  pour lui permettre de rentrer à SAINT-EGREVE  en décembre 1943, retrouvant enfin  son épouse et ses deux enfants après plus de quatre ans d’absence.  

     
 Un mois après son retour la mairie de SAINT-EGREVE reçoit de la Croix rouge allemande un avis de décès, au nom de Joseph ROLLAND dans lequel il est stipulé : « il n’y a pas eu d’évasion, le corps n’a pu être retrouvé, cependant il faut considérer le prisonnier comme décédé ». Heureusement pour sa famille qu’il était déjà rentré.   

       

 C’est une épopée parmi d’autres que Joseph a vécue. Dès son retour, il rejoint la Résistance, il participe au combat contre l’occupant nazi. Il est affecté au service B (Service de renseignement ) de la compagnie 9102 du 3e Bataillon FTPF de Chartreuse. Toute la famille participe à la  Résistance, sa maison rue de Saint-Robert est «une boîte aux lettres » La menace d’une descente de la Gestapo et de la Milice plane jour et nuit.

 

        A la Libération, le 22 août 1944, le Comité de Libération du Canton de GRENOBLE-Nord le désigne pour siéger dans le Conseil Municipal provisoire de SAINT-EGREVE. L’autorité militaire le nome Officier Liquidateur pour les FTPF du secteur II.  Après sa démobilisation il reprend son activité d’artisan plombier, jusqu’à sa retraite, il décède brutalement en juin 1976.

 

         A SAINT-EGREVE son nom a été donné à une rue du quartier de Rocheplaine  elle part de l’avenue de KARBEN nom d’une ville allemande jumelée avec SAINT-EGREVE. C’est un symbole : Joseph ROLLAND, prisonnier de guerre, a participé avec des allemands à la lutte antinazie pendant la difficile guerre 39/45, il avait déjà  scellé, en quelque sorte, des liens d’amitié. Il écrivait dans ses lettres : «on s’entend très bien avec les ouvriers allemands, surtout quand on fait le même travail » (travail antinazi )     

 

       

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

A gauche, Joseph Rolland prisonnier de guerre à Hambourg.